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Courage ?

"La maladie frappe à la porte, on doit faire avec, composer avec, il n’est pas question de combat, ou de courage, ou de bataille, il est question de la vie qui doit continuer, du quotidien qu’on essaie de préserver, et de la lutte contre l’effondrement psychique.

Si je parle de cela aujourd’hui, c’est parce que j’ai moi-même commis l’erreur, souvent, de comparer la maladie à une bataille, et je crois sincèrement qu’il faut revenir sur ce concept, parce qu’il occulte une réalité, celle de malades et de leurs familles : ils n’ont pas le choix.

De même, une amie a un jour repris devant moi quelqu’un qui disait à quel point elle était courageuse de s’occuper de son enfant en situation de handicap. Elle a dit que ce n’était pas une question de courage, que c’était son enfant, qu’elle s’en occupait du mieux qu’elle pouvait, compte tenu des circonstances. Elle avait eu l’air agacée, et ça m’a fait beaucoup réfléchir.

Ce jargon combatif, ce champ lexical de la guerre, de l’exploit, je crois qu’il irrite les patients et les familles des patients. Que dit-on quand on dit qu’untel est décédé après s’être vaillamment battu contre une longue maladie ? Que disent ces phrases de ceux qui ont perdu le combat ? Qu’ils auraient pu le gagner ? Qu’il leur appartenait de se battre plus, de se battre mieux ?

Mais du coup, que dire à un malade ? Il n'y a pas vraiment de mode d’emploi, et tout malade est unique, mais on peut l’écouter. Déjà. Le laisser vider son sac. Lui demander ce qu’il ressent. Éviter de parler de soi, de ce qu’on ressent. Ce n'est pas vraiment le sujet, même si c’est une pente naturelle que de parler de la situation des autres à partir de son propre vécu. On peut même être sincère et lui dire justement qu’on ne sait pas quoi lui dire mais qu’on est là. Lui tendre une oreille attentive. L’aider physiquement aussi, en le déchargeant de certains fardeaux quotidiens (je n'en sais rien : la cuisine, la lessive, ce que vous voulez). Être encourageant, ça ne veut pas dire exhorter au courage. Ça veut dire valoriser l’autre et lui faire gagner du temps de cerveau et de muscle disponible contre la maladie."


Baptiste Beaulieu, médecin

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2 comentarios


jeannoelcb
jeannoelcb
12 nov 2022

Globalement je suis d'accord à une une divergence près : « comparer la maladie à une bataille » n'est pas tout à fait absurde. et cela revient souvent à combattre avec courage - plus ce qui entoure la maladie, certes - par exemple la montagne de paperasserie exorbitante demandée par ce que je résumerai les administrations ou encore l'imbécilité de certains pontes du corps médical qui, pour vous "faciliter la vie", n'hésitent pas à vous convoquer à des heures impossibles le matin et/ou le soir, parfois inopinément, tout en sachant que vous résidez à une centaine de km du lieu où ils exercent leur pratique. Aucune considération pour le patient qui est devenu client.

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etiragecourt
etiragecourt
03 nov 2022

Pour moi c'est du même registre que ceux qui affirment que ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Quand la maladie ou l'accident sont là, il n'y a pas d'autres choix que de faire tout ce que l'on peut pour les surmonter. C'est ce que font la majorité des personnes.

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